Actualité
Diversification fruitière : où en est-on ?
Une évaluation au long cours
Dans le cadre du projet PEPIGRAMETTE, la SENuRA réalise depuis 6 ans, sur son exploitation, le suivi de 17 variétés d’amandiers, 9 variétés de noisetiers et 8 variétés de pacaniers afin d’évaluer leur comportement et leur adaptation à nos conditions pédoclimatiques. La diversification de la production fruitière en région AURA dans un contexte économique et climatique changeant, est l’axe principal de cette recherche, mais plusieurs années d’observation seront nécessaires à la caractérisation de ces espèces.
Contexte
La surface plantée représente environ 2ha (0.39ha amandier, 0.28ha pacanier et 1.44ha noisetier). Une partie du verger de noisetier est conduite en agriculture Biologique, et en dehors de la fertilisation, aucun traitement n’a été appliqué cette année. L’irrigation a été mise en place en juin 2022 sur amandiers et seulement en juillet 2023 sur noisetiers et pacaniers.
Les suivis en station sont complétés, pour le noisetier et le pacanier, par le suivi de parcelles de producteurs dans d’autres contextes pédoclimatique.
Méthode
Pour l’évaluation variétale, plusieurs paramètres sont suivis annuellement :
- La vigueur, évaluée à partir de la mesure de la circonférence des troncs, permet d’apprécier le comportement intrinsèque des espèces mais également l’impact des conditions météorologiques de l’année sur le développement végétatif.
- 1 à 2 relevés hebdomadaires de février à juin permettent d’affiner les différents stades phénologiques par espèces et par variétés (débourrement, floraison, nouaison).
- Un suivi sanitaire est réalisé tout au long de la saison afin d’approfondir les connaissances sur les bio agresseurs et d’évaluer les sensibilités variétales.
- L’entrée en production de la plupart des variétés d’amandiers et de noisetiers permet à présent la collecte d’informations de rendement, calibre et qualité de production.
Résultats 2024
Amandier
Malgré une floribondité satisfaisante cette année et l’absence a priori de dégâts de gel, la récolte est pour l’instant assez faible, et très variable selon les variétés (de 0,022 kg de fruits frais en moyenne par arbre pour Feraduel, à 1,303 kg pour Marcona). D’importants foyers de Corynéum ont à nouveau été observés avec une attaque en progression sur le verger, et plus précoce qu’en 2023. Ce champignon à l’origine de nécroses sur feuilles a conduit à une défoliation quasi-totale des arbres les plus touchés expliquant sans doute l’avortement de nombreux fruits. Quatre notations en cours de saison font apparaitre des sensibilités contrastées selon les variétés : Feraduel, Feragnes et Guara ont été sévèrement touchées, tandis que Marcona et Aï sont beaucoup moins impactées.
Pacanier
Après un débourrement fin mars-début avril, des dégâts de gel ont été constatés sur les jeunes pousses et les chatons de la plupart des variétés (19/04/2024). Malgré cela, le végétal a reverdi et a poursuivi son cycle de développement. L'impact du gel est donc difficile à mesurer, d’autant que la floraison a été plus abondante et plus homogène cette année.
Les variétés Osage et Désirable présentaient le plus de fruits noués, à l’inverse, Oconee était la moins chargée.
Suite à des chutes de fruits en 2023, un suivi a été mis en place cette année pour mieux comprendre l’origine. Des chutes massives ont été observées sur l’ensemble du verger entre mi-juillet et début août conduisant à la perte de l’ensemble des fruits. Plusieurs pistes sont explorées - problèmes de pollinisation, de nutrition, ou de stress - pour expliquer ce phénomène. Les données sont en cours d’analyse.
Suite à l’apparition de symptômes de carences sur le verger, une notation a été réalisée début juillet pour en affiner l’origine. Il en ressort principalement une carence en zinc (confirmée par les données bibliographiques) qui nécesecitera la surveillance et la mise en place d’un itinéraire adapté en 2025. La situation sanitaire est cependant saine.
Un suivi photo de la phénologie servira à la création d’une fiche de reconnaissance pour harmoniser les observations et la caractérisation de cette espèce.
Symptôme de carence en Zinc sur pacnaier © Senura
Noisetier
Malgré la présence importante de fruits, une production faible et un fort taux de déchets sont à déplorer. Cette faible production est aussi constatée au niveau national. Il est possible que la présence de punaises, dont les populations sont en nette augmentation, explique en partie les chutes de fruits en saison et les déchets à la récolte.
Outre la punaise, on observe également la présence d’oïdium, d'anthracnose, de capricornes (en progression depuis l’année dernière), et de phytoptes. Ces derniers font l’objet d’une étude depuis deux ans pour identifier les pics de migration et la sensibilité variétale afin d’optimiser les périodes d’intervention.
Des battages de suivi de populations de balanins ont été organisés dans les vergers des producteurs, plus âgés que ceux de la station.